Facteurs d'explications de la délinquance juvénile

La délinquance a longtemps été interprétée comme un phénomène héréditaire, lié à des déficiences intellectuelles ou des troubles mentaux. Mais ce trait est loin d'être déterminant. En effet, la délinquance juvénile résulte d'un ensemble de facteurs dont l'impact est plus ou moins important selon les individus. Ces facteurs peuvent être regroupés en trois grands groupes : les facteurs liés à la psychologie même de l'adolescent et à la fragilité qui caractérise ce stade du développement humain ; les facteurs familiaux ; les facteurs sociaux (en particulier la vie scolaire) et économiques. 

Facteurs liés à la psychologie

On peut aujourd'hui constater qu'il se développe dans les quartiers les plus isolés, les plus désorganisés et les plus homogènes, un sentiment de rejet. Le travail de prévention va alors s'insérer dans la politique de la ville conçue comme une politique globale de l'exclusion. La délinquance des mineurs n'est plus une délinquance due à un parcours accidenté mais est souvent considérée comme une délinquance d'exclusion. Nous devons prendre conscience que la délinquance d'exclusion est une forme désespérée de survie. Un autre cas est possible ; l'absence de réponse à la violence des enfants entre 6 et 13 ans. Ils sont trop jeunes pour être pénalement responsables mais ils sont pourtant utilisés dans le trafic de drogues par leurs aînés. Un sentiment de toute puissance les atteint alors et, leur fausse le jugement, il faut savoir qu'ils se croient invulnérables. Le jeune délinquant rejette les valeurs de cette société, il les juge comme injuste et impersonnelle, et considère les règles sociales comme autant d'obstacles à la satisfaction de ses désirs. Mais cette attitude de refus n'est au fond que l'exagération d'une tendance naturelle à tous les adolescents. 

Facteurs familiaux liés à la socialisation primaire

Les origines sociologiques de ce phénomène émanent de la socialisation primaire c'est-à-dire la première partie de la socialisation qui s'effectue de la naissance au passage à l'âge adulte, elle permet de construire l'identité de l'individu et influence celui-ci. Cette phase est caractérisée par une certaine indécision de la part de l'adolescent de ce qu'il est et de la place qu'il occupe dans la société. Il se délie de l'autorité familiale, il est encadré par des institutions et des normes sociales auquel il doit s'adapter sans poser de questions. Les parents sont une des clés pour enrayer la progression de la violence dans les quartiers. Certains sont de moins en moins présents dans l'éducation de leurs enfants. D'autres ont même complètement abandonné. Et puis il y a aussi ceux qui profitent de l'argent du trafic. Pourtant, la famille est un socialisateur prépondérant dans la socialisation primaire, et détient un facteur primordial dans l'éducation de l'enfant. Sous le point de vue de la délinquance juvénile, il est d'autant plus important que les tuteurs montrent l'exemple, c'est pourquoi le sociologue Laurent Mucchielli a souligné que « le chômage de longue durée des pères fait aussi des ravages ». En effet, un parent qui se sent médiocre, et qui ne « rentre pas dans les normes sociales » face à son enfant se voit dépourvu de crédibilité. Comment peut-il tenir un discours visant à lui inculquer des normes alors que ce dernier « a volé des chaussures de sport que personne dans sa famille ne pourrait lui offrir ? » précise un chercheur dans Violences et Insécurité.

De plus, il est difficile de faire comprendre par exemple aux établissements scolaires la nécessité du signalement à la justice alors qu'ils gèrent habituellement en interne leurs difficultés.
Le respect est une valeur primordiale, que ce soit à l'école, dans la vie sociale, ou dans la famille. Si des jeunes n'ont jamais été respectés, même dans leur propre famille on ne peut alors leur demander de respecter les autres et les institutions.

Le processus de socialisation s'acquiert d'abord à l'intérieur de la famille, la violence est indicatrice des problèmes sociaux à prendre en compte d'une manière urgente. Cependant, il est important d'écarter les idées reçues qui prétendraient que les parents des cités populaires n'éduquent pas correctement leurs progénitures, ces problèmes surviennent pareillement dans les milieux bourgeois.

Néanmoins, le sociologue Sébastian Roché rappelle que la structure familiale n'est pas le seul facteur qui entre en jeux dans la délinquance de l'individu, l'encadrement scolaire, est aussi un facteur important pour inculquer normes et valeurs à l'individu. Il semblerait « qu'une source importante de frustration soit due à la trajectoire scolaire des enfants » dans un monde occidental où « la voie de la réussite est assimilée à la réussite scolaire ». Désormais la réussite est synonyme de réussite scolaire, d'autre part l'école est le premier lieu socialisateur en dehors de la famille. Certains élèves n'étaient pas particulièrement hostiles au système scolaire durant leurs premières années d'écoles. Pourtant les difficultés scolaires, se faire étiqueter de cancre ou de mauvais élève les induisent à avoir des comportements déviants qui les écarte et leur fait tourner le dos aux normes scolaires. L'éloignement des normes scolaires peut se manifester par l'absentéisme et la déscolarisation qui représentent des problèmes sociaux ne datant pas d'hier. Mais que deviennent ces jeunes qui ne sont plus encadrés par le système scolaire ? La prévention consistait à mettre des adolescents en présence de jeunes adultes capables d'offrir des modèles d'identification alors que les pères et les institutions perdaient le contrôle de la situation : ce que l'on appelle le phénomène de la désinstitutionalisation.

Facteurs sociaux et économiques

Depuis un certain temps, la délinquance juvénile est perçue comme une activité économique rationnelle. Pour le sociologue Laurent Mucchielli, l'environnement socio-économique joue un rôle-clé : dans des cités en voie de ghettoïsation, à taux de chômage et d'échec scolaire très importants, l'absence de perspectives d'avenir provoque désespoir et sentiment d'injustice. Un contexte propice au développement de la délinquance des jeunes, notamment pour les comportements les plus graves. Pour ces jeunes, rapidement, le rapport à la drogue s'insère simplement dans un marché ; toute la cité est imprégnée de ce marché et il constitue pour certaines familles une source importante de revenus.
Le jeune croit qu'il est inutile de travailler à l'école ou de suivre un projet d'insertion alors que l'argent est facile. Ces facteurs sont renforcés en milieu urbain, où les inégalités sociales sont perçues de manière plus aiguë, où de multiples sollicitations peuvent accentuer les tendances naturelles de l'adolescent à la révolte. Cela explique la fréquence des vols d'objets associés à l'idée d'aisance (automobiles, vêtements de marque, téléphones portables), et met en lumière le rôle joué par les facteurs économiques et sociaux dans la délinquance juvénile. Celle-ci apparaît en effet liée de manière structurelle au fonctionnement de la société de consommation et à l'existence de fortes inégalités sociales.

Pour Sébastian Roché, davantage intéressé par les causes individuelles et se référant à plusieurs disciplines, l'origine sociale de la délinquance n'est au contraire pas toujours évidente : « Les jeunes de milieux aisés volent autant au supermarché que ceux des milieux modestes, ils fument plus de cannabis et en vendent également plus souvent. » D'après lui, les causes de l'insécurité ne sont pas là où ses manifestations sont médiatisées, dans les banlieues. Les désordres plongent leurs racines dans les difficultés économiques, mais aussi dans ce à quoi nous sommes tous le plus attachés. Ensuite, il semblerait que la déviance que représente la délinquance juvénile peut soulever le problème d'une intégration sociale insuffisante. À la différence de l'homme adulte, qui supporte volontairement certaines contraintes pour s'adapter à la société, le jeune délinquant rejette les valeurs de cette société. L'échec scolaire et, plus généralement, les difficultés d'insertion scolaire et professionnelle jouent également un rôle considérable dans la délinquance juvénile. L'adolescent qui se sent en marge va rechercher la compagnie de jeunes qui lui ressemblent, ce qui favorise un phénomène d'incitation et de passage à l'acte. Le groupe ainsi formé se substitue à la famille qui fait défaut ou qui ne comprend pas les problèmes qui se posent aux jeunes. La bande permet en quelque sorte d'échapper à la réalité sociale du monde des adultes. L'adolescent cherche à s'y créer la position à laquelle il aspire et qu'il ne trouve pas dans la vie scolaire.

Les chercheurs distinguent trois types de délinquance juvénile

  • La « délinquance initiatique », propre au goût de la transgression des adolescents. A savoir que c'est aussi la période de rencontre avec les substances psychoactives : le tabac, massivement, l'alcool (91% des jeunes de 17 ans l'ont expérimenté) et le cannabis (68%).
  • La « délinquance pathologique », liée à des difficultés individuelles et souvent familiales.
  • La « délinquance d'exclusion »,les mineurs ancrés dans la délinquance sont surtout des jeunes de quartiers, socialement et économiquement instables, en échec scolaire et avec les relations familiales fragiles. Les jeunes d'origine étrangère, qui cumulent les facteurs de vulnérabilité, sont ainsi surreprésentés.

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